Pendant le voyage, je me suis rendu compte pour la première fois que j'étais le principal responsable de moi-même et de ma vie, et que mon futur dépendait en partie de mes capacités et de ma confiance en moi. J'ai beaucoup appris à travers tout ce que j'ai vécu pendant ces jours-ci, des situations agréables mais aussi des plus difficiles. Maintenant, je me connais mieux moi-même, mes limites et ce dont je suis capable, ce qui est important pour repenser mon projet. J'ai réalisé que mon expérience est un précieux bagage qui va continuellement grandir et s'étendre ; on doit donc lui porter beaucoup d'attention et la valoriser. Parler de mon expérience avec d'autres est un bon moyen de la valoriser.

Le passeport, un document que je n'avais presque jamais vu auparavant, est devenu extrêmement important pendant le voyage. Heureusement, j'avais un passeport sur moi pour montrer qui j'étais et montrer que j'avais moins de 18 ans, afin d'avoir accès à différents type d'aide et à mes droits en tant qu'enfant. J'ai donc fait très attention à ne pas le perdre. Malheureusement, à un moment du parcours, je ne l'ai plus trouvé. Je me suis alors senti très en danger et angoissé, et j'ai été confronté à des situations très difficiles. Cette expérience m'a appris qu'il est important d'avoir un document d'identité pour avoir de l'aide, mais aussi dans ma vie en général pour être reconnu par les autres.

Quand je suis parti, c'était la première fois que je quittais ma communauté. Je me suis donc senti un peu seul et en insécurité. Heureusement, les copains que j'ai rencontrés sur la route sont devenus une sorte de nouvelle famille pendant un certain temps. Je parlais avec eux de beaucoup de choses, nous partagions des informations et expliquions nos projets. Bien sûr, c'était très important de faire la différence entre les vrais amis, et ceux qui avaient d'autres intentions et donnaient de mauvais conseils. Le savoir et partager cette expérience avec mes bons amis m'a aidé à avoir le courage de faire face à ma situation très incertaine. Cela m'a aussi aidé à donner du sens à la situation difficile dans laquelle je me trouvais.

Même si dans mon village, être reconnu mineur (en-dessous de 18 ans) ne fait aucune différence, en Europe cela implique de recevoir une protection particulière, car selon la Convention des droits de l'Enfant des Nations Unies, les droits et les règles concernant les enfants sont différents de ceux concernant les adultes. Je n'étais pas sûr de vouloir dire que j'avais moins de 18 ans. Mais même si j'étais traité comme un migrant par la police et les autorités, j'ai compris que prouver que j'avais moins de 18 ans serait bien pour moi, pour être mieux protégé et avoir accès à mes droits.